Depuis plusieurs semaines, une partie du public malagasy, ainsi que certains lecteurs internationaux, sont les témoins involontaires d’une curieuse tentative de réécriture de l’histoire. À l'occasion de la restitution du crâne de l’Ampanjaka Toera par la France, événement d’une portée symbolique, morale et politique majeure, quelques voix dissonantes se sont élevées pour contester... ce qu’elles n’ont jamais défendu.

L’art d’apparaître à la dernière minute

Il est remarquable – et presque amusant si la situation n’était pas aussi sérieuse – de constater que certaines personnes, jusque-là absentes de toute démarche, surgissent brusquement à l’approche de l’ultime étape : celle de la reconnaissance officielle et de la mémoire réparée. Ni demandeurs, ni contributeurs, ni soutiens aux vingt années de lutte menée par feu le roi Magloire Kamamy et ses proches, les voilà autoproclamés garants des traditions, maîtres des rituels, experts en histoire dynastique et en politique funéraire.

Où étaient-ils lorsque les démarches auprès du Musée de l’Homme ont débuté ? Lorsqu’il a fallu identifier les crânes, financer les recherches, faire appel aux autorités françaises et malagasy, puis négocier diplomatiquement dans un silence médiatique total ? Nulle part. Et pourtant, aujourd’hui, ils s’érigent en figures centrales d’une restitution qu’ils n’ont jamais voulue.

Le folklore inventé : un outil d’influence

Dans un article publié par Le Monde le 21 mars 2025, on découvre que la véracité historique d’un crâne royal serait confirmée non par des tests ADN scientifiques (non concluants, d’ailleurs), mais par un rituel de possession – ce dernier présenté comme un fait incontestable. Passons sur la mise en scène spirituelle et les discours rédigés après coup : ce rituel, contrairement à ce qui est insinué, s’est déroulé non en terrain neutre, mais au domicile d'un ce qui a porté ce combat pendant plus d’une décennie, en présence de l’esprit du roi Desy. Là encore, la tentative de récupération est manifeste.

Et que dire des dates de cérémonies improvisées, soudainement prévues en mai et juin 2025, alors que la tradition sakalava du Menabe fixe les rituels de Lohavogny au mois d’avril ? Faut-il y voir une coïncidence ou une tentative de faire obstacle à la cérémonie officielle de restitution ?

Une tentative de manipulation politique ?

Cette agitation orchestrée ne vise qu’un objectif : freiner une cérémonie légitime, affaiblir la portée de la restitution et semer le doute sur les véritables héritiers d’un combat entamé avec dignité.

Pour une réponse détaillée et factuelle aux affirmations erronées relayées dans la presse, vous pouvez lire le droit de réponse officiel adressé au journal Le Monde ici : Lire la réponse complète.Lire la réponse complète. d’un combat entamé avec dignité. Elle tente de faire oublier que l’État malagasy, par ses décisions claires et ses engagements, a validé le processus mené par les héritiers directs du roi Toera.

Rappelons-le avec force : la restitution entre dans le cadre de la loi française n° 2023-1251 du 26 décembre 2023. Madagascar est le tout premier État à bénéficier de son application, affirmant ainsi son rôle de précurseur sur la scène internationale. Cette démarche a un écho mondial, et ne saurait être détournée par des querelles gonflées à l’orgueil ou par de petites stratégies d’influence locale.

L’histoire ne se fabrique pas, elle s’assume

Nous n’avons pas besoin de fables. L’histoire de Madagascar est assez riche, assez forte et assez digne pour ne pas être tordue à des fins personnelles. Ceux qui n’ont rien semé ne peuvent aujourd’hui récolter. Ceux qui n’ont pas honoré la mémoire des ancêtres quand il le fallait ne peuvent aujourd’hui se prévaloir de les représenter.

L’honneur de cette restitution revient à ceux qui ont agi. À ceux qui ont versé de leur temps, de leur énergie, de leur foi. Aux véritables héritiers du roi Toera, porteurs d’un combat devenu aujourd’hui lumière pour toute l’Afrique.